Pourquoi la Norvège?La Norvège est reconnue pour ses approches progressistes en
santé mentale, privilégiant
les
libertés individuelles et des soins centrés sur le patient. Elle s’illustre par ses unités psychiatriques ouvertes, même dans des contextes traditionnellement fermés, ce qui réduit les contraintes physiques et favorise des relations de confiance.
Organisée en partenariat avec l’
ANAP, cette mission d'étude a permis à 17 professionnels en santé mentale venus des divers établissements français de vivre une immersion ciblée pour étudier des pratiques novatrices en
psychiatrie.La mission d’étude a débuté au
Lovisenberg Diakonale Sykehus, où la délégation a rencontré
Hans Martin Nussle et son équipe du centre de santé mentale. Une visite inspirante autour d’un système fondé sur la confiance, l’ouverture et la
responsabilisation des patients.Les participants ont abordé la politique de
porte ouverte, véritable changement de paradigme en psychiatrie. Ici, ouvrir les portes, c’est aussi ouvrir le dialogue, la confiance et l’autonomie. Ce modèle place l’usager au cœur du soin, en misant sur la responsabilisation plutôt que sur la contrainte.
Des alternatives concrètes à l’isolement et à la contention sont déployées : salles apaisantes, médiation, usage raisonné de médicaments à effet court, ainsi qu’une analyse systématique des situations de crise pour progresser en continu. Le rôle des pairs-aidants est apparu comme un levier puissant : intégrés aux équipes, ils incarnent l’espoir du rétablissement grâce à leur expérience vécue et leur lien direct avec les patients.
Enfin, la richesse des
activités thérapeutiques (musicothérapie, ergothérapie, physiothérapie) intervient dès les premiers jours de crise, favorisant apaisement, expression et reconstruction du lien social.
Et les résultats sont probants :
- Diminution significative du recours à la contention
- Moins de tensions, plus de coopération patient-soignant
- Maintien de la sécurité malgré l’ouverture des portes
- Changement culturel profond porté par les équipes
La seconde journée d’est déroulée à l’
hôpital universitaire d’Akershus, avec un focus sur la psychiatrie intensive et l’innovation thérapeutique. L’
hôpital universitaire d’Akershus est l’un des plus grands établissements hospitaliers de
Norvège. Il dessert une population importante et dispose de plusieurs unités de psychiatrie spécialisée.
Le matin, la délégation a assisté à un séminaire animé par le
Professeur Jean-Max Robasse.Le
Professeur Jean-Max Robasse, chef de service de psychiatrie spéciale, a accueilli la délégation pour une session approfondie sur la structuration du service ASP (avanceret spesialpsykiatri – psychiatrie spéciale). Cette matinée a été marquée par :
- Une présentation du modèle organisationnel : répartition des rôles, coordination interdisciplinaire, articulation avec les services municipaux.
- Un zoom sur les stratégies thérapeutiques spécifiques aux troubles psychotiques graves, intégrant : psychothérapie de groupe et individuelle, plans de soins individualisés et réduction volontaire des dispositifs coercitifs.
Ici, les objectifs sont de réduire la durée moyenne de séjour, prévenir les hospitalisations sous contrainte, impliquer activement les familles dans les décisions de soin et enfin créer une culture d’équipe fondée sur la réflexivité et le soutien mutuel.
L’après-midi, la délégation a été guidée à travers différentes unités du service et a eu l’opportunité d’échanger avec les professionnels de l’établissement :
- Unités intensives,
- Espaces de médiation et d’activités thérapeutiques,
- Chambres et espaces de vie conçus pour favoriser la circulation, la lumière et la liberté dans un cadre sécurisé.
Cette mission d’étude a permis aux participants de découvrir deux établissements pilotes dans la réduction des pratiques de contention et comprendre l’articulation entre
proximité humaine, architecture du soin et stratégies thérapeutiques innovantes.
Le modèle norvégien, s’il n’est pas transposable tel quel,
inspire : il démontre qu’avec une volonté institutionnelle forte, un encadrement juridique clair et une formation continue, il est possible de repenser la psychiatrie autour des
droits, de la confiance et de la relation.